Dyspnéïque démarrage du DMP (Dossier Médical Personnel)

Selon une dépêche AFP, le Dossier Médical Personnel arriverait à 168 000 dossiers en ligne au 3 juillet 2012. Le compteur de DMP du site est bloqué à 145 970 au 31 mai 2012 ! Un bug sans doute dans l’application qui ausculte la propagation DMPéïque.
“DMP ACTU”, la lettre d’actualité N°4 de 4 juin évoque le chiffre de 157 863 patients. Il s’agit des statistiques au 20 juin ! Il parait que 134 établissements de santé et “près de 3 700 professionnels de santé” l’utilisent. 3748 exactement selon le Figaro.

Mais on est très optimiste à l’ASIP Santé. Dans le Figaro qui cite Anne Monnier, directeur des territoires de l’Asip Santé «  il y en aura 300.000 fin décembre et 2 millions fin 2013 ».
Sérieux dégonflage de 700 000 dans le Quotidien du Médecin qui évoque lui « Un million de dossiers créés dans le courant de 2013 » !

Rappelons que Philippe Douste-Blazy, le Ministre de la santé qui avait lancé par la loi du 13 août 2004 le Dossier Médical Personnel, avait promis que tout français en serait doté avant l’été 2007 !

761 413 cartes de la famille CPS (CPS, CPE, CDE, etc.) en circulation

Par contre il y a une industrie qui marche à l’Asip Santé, c’est la production de cartes à puces CPS. Imaginez il y a 4.5 Cartes CPS pour un DMP !

Contrairement à ce que laisse entendre le document ci-contre, en pratique les Cartes CPS ne servent qu’à signer des feuilles de soins électroniques, on en est depuis 1998 à la troisième génération de cartes. Et quand je dis signer c’est un grand mot. Il y a bien dans la carte des certificats X509 de signature électronique, mais ils ne servent toujours pas lors de la facturation. Le logiciel Sesam-Vitale se contente de vérifier que la carte CPS et la carte Vitale sont bien pacser dans le lecteur en même temps et, hop, génère un ersatz de signature. C’est du gros bricolage. On doit d’ailleurs pouvoir continuer à pseudo-signer des FSE avec une carte CPS déclaré officiellement perdue ou volée !
Cette CPS commence quand même, mais de manière homéopathique, à être utilisée pour accéder à un des rares DMP ouverts (certificat d’authentification) et pour y signer les rares documents (certificat de signature).
Quant à l’utiliser dans les outils de messagerie sécurisée, il faudrait commencer par créer d’abord ces derniers. Promis, juré, craché, Jean-Yves Robin, le directeur général de l’Asip Santé, a dit que ce sera en 2013 !
Cette messagerie sera cogérée par l’Ordre Nationale des Médecins, qui, histoire de ne pas pas être pris au dépourvu, a ouvert la réservation des adresses de messagerie sécurisée @medecin.fr depuis le … 15 juin 2010 ! Même pour un événement planétaire comme “The Rolling Stones 50th anniversary tour 2013”, la billetterie n’est pas ouverte trois ans à l’avance.

On voit que « Dès lors qu’elle sera généralisée, la CPS pourra être exigée chaque fois que le service requerra que le professionnel de santé s’identifie et s’authentifier de façon certaine sur un système informatique ». Bien que 761 413 cartes de la famille CPS soient en circulation, elle n’est pas, selon l’Asip Santé, encore généralisée !

Peu de logiciels médicaux sont interfacés avec le DMP :

Selon l’Asip Santé, 53 logiciels médicaux seraient officielement “DMP-compatibles”. C’est peu car la technostructure estime qu’il existe la bagatelle de 214 logiciels sur le marché. Selon le Figaro «  Les trois quarts des 214 logiciels recensés auprès de l’Asip ne sont pas encore compatibles ».
La connexion au DMP est une étape mais qui ne garantit pas l’utilisabilité réelle de l’outil.

Pour s’en convaincre il suffit de visionner la démonstration faite par Axilog/Compugroup une des trois plus importants éditeurs de logiciels pour médecins de ville.
Seule l’antique version Axisanté 4, développé sous Omnis 7, reste utilisable. La version plus récente Axisanté 5 est toujours interdite de DMP.
On devine en arrière plan la couche logiciel métier qui fleure bon la fin du XXiéme siècle. Il ne sait s’afficher qu’en plein écran.
Au premier plan on découvre la couche DMP. Quand les médecins font une feuille de soin électronique, c’est une troisième interface qui est appelée, en fait la version bridée d’Axisanté 5, qui elle aussi ne sait s’afficher qu’en plein écran.
Le médecin doit donc jouer avec trois environnements totalement disparates ! Il est bien évident qu’avec une macédoine logicielle aussi archaïque, consulter le DMP reste le cadet de ses soucis.

Cité par le Figaro, le Dr Jean-Michel Lemettre, médecin généraliste à Amboise, explique qu’on va mettre sur le DMP, « le volet médical de synthèse ou VMS, une synthèse des antécédents du patient, une version “partageable” des notes des médecins traitants ». Il va falloir que le Conseil de l’Ordre modifie encore le Code de Déontologie qu’il vient à peine d’amender. En effet l’article 45 (article R.4127-45 du code de la santé publique) précise dorénavant que « Indépendamment du dossier médical prévu par la loi, le médecin tient pour chaque patient une fiche d’observation qui lui est personnelle ; cette fiche est confidentielle et comporte les éléments actualisés, nécessaires aux décisions diagnostiques et thérapeutiques. Les notes personnelles du médecin ne sont ni transmissibles ni accessibles au patient et aux tiers. »

Les DMP sont créés par les établissements de santé qui touchent une subvention de l’ASIP Santé

Sur 166 000 DMP, 55 000 seulement auraient été créés par des professionnels de santé libéraux. 65% naissent à l’hôpital.
Créer un Dossier Médical Personnel demande un certain temps, 5 à 10 minutes. En théorie on doit expliquer au patient la législation propre au DMP, recueillir son consentement éclairé verbalement, car il n’existe aucun moyen pour lui de parapher sa création !
Les médecins, déjà surchargés de travail, ont intérêt à externaliser la création des DMP vers les hôpitaux, qui d’ailleurs touchent de l’argent pur cette tache.
Suite à une convention signée avec l’ASIP Santé, 33 établissements de santé, se sont engagés, « à utiliser effectivement le DMP et à y déposer, au minimum, pour chaque patient acceptant la création de son dossier, son compte-rendu d’hospitalisation, sa lettre de sortie ou son compte-rendu de consultation. ». Le financement de l’ASIP Santé vaut pour six mois. 30% de la subvention est conditionnée à l’atteinte d’objectifs significatifs en matière d’usage du DMP. Ainsi le Groupement de Coopération Sanitaire (GCS) E-santé Bretagne a été retenu parmi les 14 régions à DMPiser. Le territoire de santé n°4 (Vannes, Ploërmel, Malestroit) sur la période 2012-2013. L’ARS finance à hauteur de 20% ce projet (soit 135 000 euros sur deux ans)

Même à l’hôpital, pour un agent entraîné, ce n’est pas très rapide : « En cinq minutes l’affaire est entendue et une pastille « DMP » est collée sur la carte Vitale » nous explique QueChoisir. L’AFP a interviewé un stakhanoviste du DMP, l’agent administratif Dominique Clavier, du Centre Hospitalier Jacques Coeur de Bourges (Cher), qui revendique un record, je ne sais pas s’il a été homologué par le Guinness Book of Records : « Certains jours j’en ouvre jusqu’à 35 en une journée ! »

Des coquilles vides pour la plupart !

Selon l’ASIP«  Santé près de 70 % d’entre eux sont alimentés ». On ne sait pas combien il y a de documents par DMP et surtout si le document a été consulté par un autre professionnel de santé que celui qui l’a mis en ligne. Dans DMP INFO d’avril 2012 on a eu le droit à quelques précisions sur les fameux documents.

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/ lire-le-dmp-en-test-dans-33-etablissements-sous-controle-de-l-asip-46727.html