L’ASIP Santé fait la tronche. 15 mois après son lancement, le DMP ne comptabilise que 100 000 dossiers ouverts. A ce rythme il faudra plusieurs siècles avant que chaque français ne dispose de son propre DMP.
Histoire de faire patienter la populace, l’agence propose une carte de France indiquant la progression, mais mise à jour chaque mois. L’ASIP Santé qui tient les comptes, sans doute avec un boulier, tient à préciser que la Terre Adélie, Saint-Pierre-et-Miquelon ou les Kerguelen ayant été oubliés, cela sous-estime le nombre de dossiers ouverts.
Pourquoi ce retard à l’allumage du Dossier Médical Personnel ?
Les raisons sont multiples, mais la principale c’est l’archaïsme de l’architecture de sécurisation utilisée par les outils de l’Assurance Maladie. Rappelons que le programme Sesam-Vitale a été pensé en 1990 et lancé seulement en 1998. Or le socle technique reste le même aujourd’hui sans évolution. Il sert même d’étalon à la Loi de Moore [1].
Ainsi les lecteurs bifentes permettant d’utiliser la Carte de Professionnel de Santé (CPS) et la carte Vitale, bien que connectés en USB, émulent un antique port série [2] qui a disparu des Mac au début des années 2000 et quelques années plus tard sur les PC-Windows !
Les ordinateurs de bureau des professionnels de santé doivent subir les contraintes du boulet de plomb de cette technologie propriétaire totalement dépassée.
Même le DMP lancé, après de nombreux retards, fin décembre 2010, doit utiliser la CPS pour l’authentification. La carte Vitale du patient doit être insérée pour créer son dossier médical personnel. Et encore on a échappé au pire : Philippe Douste-Blazy, lors des discussions précédant le vote de la Loi du 13 août 2004, avait, devant les parlementaires, précisé que la consultation et l’alimentation au DMP ne pouvaient se faire qu’avec le patient dans le bureau et l’usage impératif de sa carte Vitale !
Heureusement aujourd’hui, un professionnel de santé autorisé peut quand même se connecter au DMP en l’absence physique du patient et de sa carte Vitale.
Mais depuis 2004 l’informatique a changé. Les ventes de smartphones et de tablettes ont dépassé celle des ordinateurs de bureau. L’informatique devient portable et même ultramobile. Les gens se connectent sur internet et consultent leur messagerie, sur Facebook, sur Twitter, sur leur compte bancaire, directement à partir de l’écran tactile de leur téléphone portable.
Seuls les professionnels de santé restent condamnés à utiliser des ordinateurs de bureau pour gérer les dossiers médicaux en ligne. Ainsi un infirmier faisant des soins à domicile, serait contraint de transporter un ordinateur portable avec carte 3G mais relié à un lecteur bifente USB s’il voulait se connecter au DMP !
Faute de connectique et d’OS mobile gérant l’ancestral protocole santé social (PPS), il est impossible de relier le plus léger des bifentes portables, le Vital’Act 3S (205 grammes) à un smartphone qui pèse encore moins lourd (entre 140 et 180 grammes) !
Chacun a fait l’expérience du payement en ligne. On rentre son nom, son prénom, le numéro de sa carte carte bancaire, la date de validité puis le code de sécurité, et on peut acheter des services ou des fournitures sans contrainte, en voyage ou même dans sa voiture. Il existe bien entendu des arnaques à la carte bancaire, mais le système se sophistique. Ainsi certaines banques adressent un numéro de sécurité complémentaire via un SMS. Des milliards de transactions se font via PayPal ou même iTunes. Le m-commerce explose. Les achats via les mobiles ont atteint 240 milliards cette année. La lecture des QR Code fait gagner un temps considérable de saisie et évite les erreurs. Les applications Paypal et Visa sur smartphones permettent même de régler directement sans utiliser sa carte bancaire. Avec « Visa Personnal Paiments » l’utilisateur a dans son smartphone une application liée à ses différents comptes bancaires. Ainsi il peut adresser de l’argent très simplement à un tiers qui dispose d’une carte Visa et d’un mobile sur lequel l’application a été téléchargée.
Libérons le DMP du joug de la carte Vitale et de la carte CPS !
La e-santé ne peut rester plus longtemps sur le quai de la gare à attendre que la locomotive transportant la quincaillerie de l’assurance maladie démarre.
Jean-Yves Robin, le directeur de l’Agence des Systèmes d’Information Partagés de santé (ASIP Santé), qui va fêter ses deux ans le 10 juin prochain, bouille d’impatience. En exclusivité pour i-med, il révèle que le dogme de l’usage exclusif de la CPS et de la carte Vitale pour créer ou s’authentifier sur le Dossier médical Personnel a vécu. Selon lui « Il faut changer de millénaire sinon la relance du DMP sera un échec cuisant ! ».
Il explique que sur l’Apple Store on peut acheter un MacBook Pro à 2.500 €, sans les options quand même, une fois qu’on a ouvert un compte avec une adresse mail vérifiée et un numéro de carte bancaire validée par une mini transaction annulée de 1 euro. Et en France on nous contraint à nous servir des cartes à puces de l’assurance maladie et à passer par l’antique gestionnaire GALSS !
Et puis une fois qu’on a réussi à paramétrer correctement le bouzin, parfois en déployant des trésors d’ingéniosités, on n’est pas peinard. Comme on le constate avec l’Espace Pro, une nouvelle vesrion de navigateur et cela ne marche plus !
« Regardez les suédois. Ils ont lancé leur projet il y a deux ans et fin 2012 chaque habitant de la Suède va disposer de son dossier ! Et nous à coté, on a claqué 200 millions d’euros et on passe pour des rigolos ! »
Il est certain que le DMP français c’est l’Arlésienne de la e-santé, promis depuis 2004 à de multiples reprises, il n’arrive jamais ! Dans les colloques internationaux sur la santé en ligne, on se paie la fiole des français avec leur acharnement à vouloir utiliser des cartes à puces made in France et des terminaux clones des premières calculatrices.
Le chef de chantier du DMP conclut, soulagé de pouvoir enfin le dire après une décennie d’interdits : « La CPS et la carte Vitale à la poubelle, utilisons la carte bancaire ! ».
Afin de stopper la contamination de toute l’e-santé par cette vétuste technologie de la fin du XXiéme siècle, la carte Vitale 2, et peut-être la version 3 voulue par Nicolas Sarkozy, ainsi que la CPS ordinale ne seraient pas mises totalement hors circuit, mais seraient confinées à la seule mise en oeuvre des télé-services de l’assurance maladie et à la facturation des feuilles de soins électroniques (FSE). Des antiviraux et pare-feux spécifiques mis au point par des techniciens qui ont été en stage à Fukushima, éviteront la propagation des API du GIE Sesam-Vitale à l’ensemble du poste de travail du médecin.
C’est une révolution : Des ordres en ce sens auraient déjà été donnés.
Les équipes techniques de l’ASIP Santé ont arrêté le Prozac et travaillent, enfin pleines d’espoir, depuis quelques mois en étroite collaboration avec celles du GIE Carte Bancaire. Après 7 ans de stop-and-go les choses avancent enfin.
Depuis le 1er avril 2012, les expérimentations sont en cours.
Quelques médecins geeks, testeraient même actuellement la connexion et la lecture du Dossier Médical Personnel à partir de tablettes tactiles iPad et de smartphones iPhone et Android. L’application “DMP” devrait être disponible très bientôt à la fois sur l’Apple Store et sur Google Play.
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